La vie SDF au Luxembourg

La vie SDF au Luxembourg

E-mails à la Caritas et la Croix-Rouge, concernant la situation des SDF sous le confinement.


Il y a toutes les raisons pour mettre en question les structures d'aide
Premier mail à la Caritas (1er avril 2020; réponse le jour-même).
Madame, Monsieur.
Je me permets, par ce mail, de vous demander quelques détails concernant la situation des SDF dans cette situation particulière, qu'est le confinement dû au Corvid-19 et comment Caritas Accueil et Solidarité y a réagi respectivement va réagir dans les semaines à venir.
Basé sur un article, publié sur le site Web du Tageblatt, je pars de l'hypothèse que aussi bien votre bistrot social que votre night-shelter ont été fermés, par contre, le restaurant et le foyer de nuit de la WAK ayant continué à fonctionner jusqu'à hier. N'est il pas un paradoxe qu'un endroit, abritant plus de 100 personnes (à 80% des non-résidents) dans de grands dortoirs, reste ouvert, tandis qu'une petite structure, avec des lits assez loin éloignés les uns des autres (et fréquentée en majeure partie par des sans-abri locaux), est considérée être un risque de contamination tellement élevé, qu'on enlève à ces gens la possibilité d'avoir un endroit, où passer la nuit au chaud? Ils doivent bien dormir dans la rue, actuellement, n'est-ce pas? Est-ce qu'un virus peut vraiment être un prétexte pour laisser des êtres humains dans le froid comme du bétail?
Je me suis aussi demandé, comment les SDF peuvent passer la journée sans souffrir. D'après l'article du Tageblatt, la Stemm distribue des repas devant la porte. Bonne chose, bien-sûr, mais est-ce que cela est assez? Plus de possibilité de trouver une place au chaud (les foyers de jour fermés et pas possible de se réfugier durant une demie-heure dans des endroits publiques, telle la salle d'attente de la gare), avoir un café ou une soupe chaude serait plus important que jamais. Pourquoi le Courage ne peut pas faire pas comme la Stemm? Pourquoi ne pas donner la possibilité à un café devant le bistrot? Avez-vous pensé au fait que la manche ne rapporte qu'une faible partie, comparée aux temps normaux et qu'en plus, dans certains magasins, on n'accepte plus l'argent liquide?
Je n'ai pas d'informations concernant le travail actuel de Streetwork sur le terrain. Est-ce que les rondes dans la rue continuent? En a-t-on augmenté la fréquence? Combien de fois par jour ceux, que j'ai vus couchés comme des animaux dans des entrées de magasins, peuvent espérer d'avoir un café, un sandwich ou juste un petit mot, comme pour leur dire, qu'on ne les a pas entièrement oubliés? Avec les foyers fermés, le personnel devrait être libre, pour ainsi dire. Donc, on pourrait, avec un peu de bonne volonté, faire des tournées à intervalles de 2-3 heures, 7/7j et 24/24h!?
Le vestiaire et les douches des institutions sociales étant fermés, où les gens, qui vivent dans la rue, peuvent se laver? Où trouver des vêtements? Est-ce qu'il ne faudrait pas garantir un service de base ou au moins un service d'urgence?
Dans mes yeux, un État civilisé se définit d'après sa volonté et ses efforts pour garantir un minimum de dignité humaine à tout le monde et donc assurer un minimum de qualité de vie aux plus démunis. Tout comme une démocratie se définit dans sa volonté et ses efforts de protéger les minorités, en particulier les plus faibles dans la société.
Merci d'avance pour toute réponse.
Aly Lutgen.
Premier mail à la Croix-Rouge (1er avril 2020; réponse le 3 resp. 6 avril)[1].
(Texte du mail plus au moins identique à celui adressé à la Caritas).
Madame, Monsieur.
Je me permets, par ce mail, de vous demander quelques détails concernant la situation des SDF dans cette situation particulière, qu'est le confinement dû au Corvid-19 et comment la Croix-Rouge y a réagi respectivement va réagir dans les semaines à venir.
Basé sur un article, publié sur le site Web du Tageblatt, je pars de l'hypothèse que aussi bien votre bistrot social que votre night-shelter ont été fermés, par contre, le restaurant et le foyer de nuit de la WAK ayant continué à fonctionner jusqu'à hier. N'est il pas un paradoxe qu'un endroit, abritant plus de 100 personnes (à 80% des non-résidents) dans de grands dortoirs, reste ouvert, tandis qu'une petite structure, avec des lits assez loin éloignés les uns des autres (et fréquentée en majeure partie par des sans-abri locaux), est considérée être un risque de contamination tellement élevé, qu'on enlève à ces gens la possibilité d'avoir un endroit, où passer la nuit au chaud? Ils doivent bien dormir dans la rue, actuellement, n'est-ce pas? Est-ce qu'un virus peut vraiment être un prétexte pour laisser des êtres humains dans le froid comme du bétail?
Je me suis aussi demandé, comment les SDF peuvent passer la journée sans souffrir. D'après l'article du Tageblatt, la Stemm distribue des repas devant la porte. Bonne chose, bien-sûr, mais est-ce que cela est assez? Plus de possibilité de trouver une place au chaud (les foyers de jour fermés et pas possible de se réfugier durant une demie-heure dans des endroits publiques, telle la salle d'attente de la gare), avoir un café ou une soupe chaude serait plus important que jamais. Pourquoi le foyer de Streetwork Uewerstad ne peut pas faire pas comme la Stemm? Pourquoi ne pas donner la possibilité à un café devant le bistrot? Avez-vous pensé au fait que la manche ne rapporte qu'une faible partie, comparée aux temps normaux et qu'en plus, dans certains magasins, on n'accepte plus l'argent liquide?
Je n'ai pas d'informations concernant le travail actuel de Streetwork sur le terrain. Est-ce que les rondes dans la rue continuent? En a-t-on augmenté la fréquence? Combien de fois par jour ceux, que j'ai vus couchés comme des animaux dans des entrées de magasins, peuvent espérer d'avoir un café, un sandwich ou juste un petit mot, comme pour leur dire, qu'on ne les a pas entièrement oubliés? Avec les foyers fermés, le personnel devrait être libre, pour ainsi dire. Donc, on pourrait, avec un peu de bonne volonté, faire des tournées à intervalles de 2-3 heures, 7/7j et 24/24h!?
Le vestiaire et les douches des institutions sociales étant fermés, où les gens, qui vivent dans la rue, peuvent se laver? Où trouver des vêtements? Est-ce qu'il ne faudrait pas garantir un service de base ou au moins un service d'urgence?
Dans mes yeux, un État civilisé se définit d'après sa volonté et ses efforts pour garantir un minimum de dignité humaine à tout le monde et donc assurer un minimum de qualité de vie aux plus démunis. Tout comme une démocratie se définit dans sa volonté et ses efforts de protéger les minorités, en particulier les plus faibles dans la société.
Merci d'avance pour toute réponse.
Aly Lutgen.

[1] Par erreur, j'avais envoyé mon mail à Accueil LISKO, qui ont répondu le 3 avril, disant de le transférer à la direction de la Croix-Rouge.
Deuxième mail à la Caritas (6 avril 2020; jamais eu de réponse!?).
Moien, Här Vogt.
Merci pour votre réponse et désolé de vous importuner une seconde fois.
En fait, je suis toujours convaincu d'avoir ma responsabilité dans la "construction de l'humanité", comme un ami l'a appelé et en dépit de plein de mauvaises expériences, que je fais aussi bien dans les centres sociaux qu'avec les gens dans la rue, je continue à me battre, en premier lieu à continuer le développement de mon site Web. C'est précisément en prévoyant un nouvel article, traitant de la situation réelle des sans-abri sous le confinement, que je me permets de vous écrire (et voulant bien-sûr éviter "des nouvelles pas toujours d'actualité et pas toujours très précises").
Le problème des sans-abri pour trouver un endroit, où passer la nuit au chaud, était, depuis mes débuts en tant que SDF, l'un de mes soucis primordiaux. Je pense que nous nous sommes mal compris à ce sujet. Je ne voulais pas dire, qu'on aurait dû fermer la WAK (en tout cas pas à cause de la pandémie), mais ma question se rapportait à votre night-shelter à Eich. Malheureusement, je n'en ai rien trouvé dans votre courriel. Je me permets donc, de vous en reparler et de vous adresser quelques questions précises, qui dans mes yeux se justifient du fait, que c'est justement cela, la réalité de vivre dans la rue. Je pars de l'hypothèse que le night-shelter a été fermé; si je suis mal informé et il continue à fonctionner, merci de me le dire et oublier ce qui suit.
1. Dans l'hypothèse donc que votre night-shelter à Eich a été fermé, qui exactement a pris cette décision et avec quelle motivation? Est-ce que Caritas Accueil et Solidarité et vous-même ne vous y êtes pas opposés? Est-ce que la fermeture est prévue jusqu'à la fin du confinement, ou est-ce qu'on peut attendre sa réouverture pour bientôt?
2. La logique d'une telle décision m'échappe. Laisser ouvert et même prolonger l'ouverture d'une structure à plus de 100 lits (en plus du resto, toujours ouvert?), d'une part, et, de l'autre, en fermer une, qui n'a que 14 lits (si je ne me trompe) ... comment le justifier? En disant à ceux, qui y ont dormi, d'aller à la WAK, n'est-ce pas les exposer à un risque nettement supérieur et par là, en quelque sorte, non pas combattre, mais favoriser la pandémie?
3. Même si les institutions sociales s'obstinent à dire le contraire, si beaucoup de gens préfèrent ne pas aller à la WAK (et restent sans doute dans la rue, si les night-shelters sont fermés), ce n'est pas parce que ces gens "ne veulent pas", mais pour des raisons bien fondées, en premier lieu parce qu'ils ont peur pour leurs affaires ou même pour leurs os. Je pourrais vous donner une demi-douzaine d'arguments pour vous montrer qu'il s'agit d'une réalité et non pas de nos fausses impressions; ici juste un: Si ces endroits pouvaient être fréquenter sans risques, est-ce qu'alors on aurait besoin de tout ce dispositif de sécurité avec fouille des affaires personnelles et scan au détecteur de métal? Est-ce vraiment acceptable et justifiable de forcer les sans-abri locaux de devoir choisir entre passer la nuit au Findel ou de souffrir dans la rue?
4. Question hypothétique pour terminer: Si le confinement aurait eu lieu en plein hiver ou dans une période de pluie sans fin, pensez-vous que les responsables auraient trouvé assez de sentiment humain et de courage pour être moins limitatif concernant les services disponibles, tel par exemple offrir la possibilité pour se chauffer durant une demi-heure à, disant, une dizaine de personnes?
Je peux être agaçant, je le sais et je m'en excuse. Mais, je pense aussi, que c'est mon devoir...
Merci à vous pour toute information. Merci à tous ceux qui ont décidé de laisser le "Courage" ouvert.
Meilleures salutations,
Aly Lutgen.
Deuxième mail à la Croix-Rouge (10 avril 2020; réponse le 15 avril).
Rebonjour.
Merci de votre réponse. Apprécié aussi votre manière de répondre de façon concise, précise et point par point.
Toujours convaincu d'avoir ma responsabilité dans la "construction de l'humanité", comme un ami l'a appelé et en dépit de plein de mauvaises expériences, que je fais aussi bien dans les centres sociaux qu'avec les gens dans la rue, je continue à me battre, en premier lieu à continuer le développement de mon site Web. C'est en prévoyant un nouvel article, traitant de la situation réelle des sans-abri sous le confinement, que je vous écris.
Vu la situation vraiment pas évidente, je pense que les institutions sociales ont mieux réagi que j'ai eu peur qu'ils le fassent, mais il y a une chose, qui me tracasse: la fermeture des night-shelters, aussi bien du vôtre que de celui de la Caritas. Voilà pourquoi je me permets de vous opportuner une deuxième fois et de vous adresser quelques questions précises à ce sujet.
1. Qui exactement a pris la décision de fermer les night-shelters et avec quelle motivation? Est-ce que la Croix-Rouge et vous-même ne vous y êtes pas opposées? Est-ce que la fermeture est prévue jusqu'à la fin du confinement, ou est-ce qu'on peut attendre sa réouverture pour bientôt?
2. La logique d'une telle décision m'échappe. Laisser ouvert et même prolonger l'ouverture d'une structure à plus de 100 lits (en plus du resto et la possibilité de rester sur place toute la journée, si j'ai bien compris), d'une part, et, de l'autre, en fermer une, qui n'a que 14 lits (si je ne me trompe) ... comment le justifier? En disant à ceux, qui y ont dormi, d'aller à la WAK, n'est-ce pas les exposer à un risque nettement supérieur et par là, en quelque sorte, non pas combattre, mais favoriser la pandémie?
3. Même si les institutions sociales s'obstinent à dire le contraire, si beaucoup de gens préfèrent ne pas aller à la WAK (et restent sans doute dans la rue, si les night-shelters sont fermés), ce n'est pas parce que ces gens "ne veulent pas", mais pour des raisons bien fondées, en premier lieu parce qu'ils ont peur pour leurs affaires ou même pour leurs os. Je pourrais vous donner une demi-douzaine d'arguments pour vous montrer qu'il s'agit d'une réalité et non pas de nos fausses impressions; ici juste un: Si ces endroits pouvaient être fréquenter sans risques, est-ce qu'alors on aurait besoin de tout ce dispositif de sécurité avec fouille des affaires personnelles et scan au détecteur de métal? Est-ce vraiment acceptable et justifiable de forcer les sans-abri locaux de devoir choisir entre passer la nuit au Findel ou de souffrir dans la rue?
Je peux être agaçant, je le sais et je m'en excuse. Mais, je pense aussi, que c'est mon devoir...
Merci à vous pour toute information. Merci à tous ceux qui, d'une manière ou d'une autre, s'engagent pour ceux, pour qui cette société uniquement pour les riches, les forts et les jeunes, il n'y a plus vraiment de place.
Meilleures salutations,
Aly Lutgen.
 
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