La vie SDF au Luxembourg

Réactions aux lettres d'avril 2017.


Si personne ne fait quelque chose, rien ne changera
Mon devoir de lancer la discussion entre tous les concernés
Pas assez de force pour continuer ma lutte...
Voici la liste des destinataires de ma lettre concernant la dignité humaine et le respect dans les centres sociaux d'avril 2017. Aucune idée, comment ce lapsus nous a pu arrivé, mais nous en avions oublié quelques-uns, en premier lieu avec le DP et Déi Gréng (je pense) deux des partis au pouvoir et avec RTL et la Revue deux institutions de médias majeures...
  • Gouvernement: Chambre des Députés, Ministère de la Famille et de l'Intégration, Ministère de la Santé.
  • Partis politiques: ADR, CSV, KP-L, LSAP.
  • Institutions sociales: Caritas, Croix-Rouge, CNDS, Stëmm vun der Strooss.
  • Médias: Luxemburger Wort, Tageblatt, Lëtzebuerger Journal, Den Neie Feiergrop, L'Essentiel, Le Quotidien, D'Lëtzebuerger Land, Le Jeudi, Woxx, Télécran.
  • Autres: Ombudsfra, Ligue des Droits de l'Homme.
Je n'ai pas eu grand espoir, ni que mon action aurait un sens réel, ni même à avoir une réponse. Si je me rappelle bien, c'est après deux semaines environ, qu'il y a eu la première réaction. Lettre de la Chambre des Députés, me faisant savoir que les problèmes, dont je parlais, ne concerneraient pas le pouvoir législatif, mais le pouvoir exécutif et qu'ils auraient relayé ma lettre aux ministères compétents. Je suis convaincu que l'intervention de la Chambre était fondamentale pour la suite. En effet, ma lettre aux ministères recevait un appui important, trop important pour simplement laisser disparaître la lettre dans la poubelle; on peut dire, que d'une certaine manière, ils étaient forcés de réagir, s'ils l'ont voulu ou non.
J'ai ainsi reçu une lettre du Ministère de la Famille, qui me disait qu'ils auraient demandé des explications aux institutions concernées. J'ai appris par la suite, qu'ils avaient écrit à la Caritas et au CNDS (oubliant la Croix-Rouge, de qui je n'ai d'ailleurs jamais eu une réaction quelconque). J'ai appris plus tard aussi, que le Ministère de la Santé avait contacté la Stëmm vun der Strooss. Le ballon donc dans le camp des institutions sociales, qui ne pouvaient plus se cacher derrière leur «ce sont les impressions personnelles de quelqu'un, qui refuse de se laisser aider» et ils étaient, pour ainsi dire, forcés de réagir à leur tour.
Les lettres, que j'ai reçues de la Caritas et de la Stëmm étaient à contenu pratiquement identique, des textes préimprimés, prévus pour de telles situations. Toutes les deux, ils m'invitaient à prendre rendez-vous pour un échange avec leur directeur; je vais revenir à ces entretiens dans des articles spécifiques. La lettre du directeur du CNDS était tout à fait différente: Écrit à la main, réellement personnel et donnant l'impression d'avoir à faire à quelqu'un, qui s'intéressait vraiment à ce qui se passe dans les institutions, dont il était responsable. Il m'écrivait, que je devrais lui rapporter tous les faits, dont je pensais, que le personnel d'Abrigado ne ferait pas son travail comme il devrait, qu'il agirait de manière inadéquate, prendrait des décisions injustifiées ou laisserait faire les uns à terroriser les autres. J'aurais bien voulu discuter avec lui. Malheureusement, il a quitté son poste peu après l'envoi de mes lettres.
Le seul parti politique, qui a réagi, était le CSV. J'ai eu un coup de téléphone, je ne me rappelle plus quel poste mon interlocuteur occupe au sein du parti. Décidément, il n'avait rien compris. Ma lettre concernait la dignité humaine et le respect dans les centres sociaux, décrivait une situation, où des gens étaient forcés de se laisser insulter, terroriser, voler et parfois même taper, s'ils y allaient, donc, s'ils voulaient passer quelques moments au chaud ou boire une tasse de café. J'y parlais d'une situation inacceptable de bien de points de vue et qui concernait une bonne partie des sans-abri locaux, en premier lieu les plus vieux, qui n'ont aucune possibilité de se défendre, les éducateurs, au lieu de veiller au respect et de protéger les faibles, laissant faire ceux, qui n'avaient aucun respect devant les autres et leurs affaires. Le monsieur du CSV, par contre, ne voyait que mon problème personnel dans les foyers du jour et il avait une solution très simple: Demander à obtenir le RMG! Probablement, ce n'est pas qu'il n'a rien compris, mais qu'il ne voulait rien comprendre. Fermer les yeux devant le problème réel évite de devoir réagir. D'autre part, mieux cette réaction que celle des autres partis, qui ont tout simplement ignoré ma lettre. Et, il semble que quand le KP-L et l'ADR ne cessent de reprocher au gouvernement de ne pas agir dans l'intérêt des citoyens, ce n'est pas de tous les citoyens, qu'ils parlent.
Dans un petit pays, où les journaux sont pratiquement les organes des partis politiques ou d'institutions très proches d'eux, où tout le monde connaît tout le monde, où le principe du "une main lave une autre" est appliquée à tous les niveaux, il me semble difficile de croire en une presse libre et indépendante. En plus, il me semble, que depuis quelques années, le Grand-duché ne fait plus partie des pays, où les journalistes peuvent vraiment écrire, ce qu'ils pensent. Un seul journal, qui a publié ma lettre. Je ne l'ai pas vu moi-même, mais on m'a dit qu'il était apparu dans le Tageblatt. Mais, ce n'était pas tout et on pourrait bien croire, qu'en 2017 la liberté de la presse, tout comme des journalistes engagés socialement, existaient encore. Je fus contacté par Le Jeudi: D. B. voulait faire une reportage concernant mon histoire. Dès le début, il m'était sympathique, cet américain de L.A. qui s'était installé au Luxembourg, après avoir passé par la Belgique. Quelqu'un, qui avait ses fortes convictions, parfois étonnants ou même extrêmes, mais globalement en plein accord avec ce qu'à quoi je crois moi-même. Interview à Esch, première ébauche du reportage, qu'il m'a envoyé pour revoir, mes modifications et ajoutes... Il fallait attendre jusqu'en décembre pour que son rédacteur en chef lui donne 2 pages dans le journal. Ni des moins qu'un chien, ni des chiens apparut dans Le Jeudi le 21 décembre 2017. David avait prévu une suite: Voulant interviewer le directeur de la Caritas et autres concernés et raconter aux lecteurs, ce qui est leur réponse à mes reproches et questions. Trop occupé par des gros dossiers (entre autre l'industrie pharmacologique et la vaccination, et oui!), un rédacteur en chef, qui jugeait mille choses plus importantes que ses articles sociaux, et finalement la fermeture du journal, cet article n'est jamais devenu plus qu'un projet.
J'aimerais bien savoir, quelle est la raison exacte, pourquoi la Ligue des Droits de l'Homme a ignoré ma lettre. Est-ce qu'une lettre, écrit par quelqu'un, qui vit dans la rue, n'est pas à considérer comme sérieuse? Est-ce que, pour eux, devoir accepter d'endurer toute sorte d'emmerdements en entrant dans les foyers pour SDF (ou bien rester dans le froid et sous la pluie) n'a rien à faire avec une violation des Droits de l'Homme? Ou, est-ce que peut-être, eux aussi, sont d'avis qu'il y a des hommes, qui n'ont pas le droit d'avoir des Droits de l'Homme? J'aurais dû leur écrire une seconde fois, pour leur demander.
L'histoire avec l'Ombudsfra est une toute autre. L'une de celles, qui semble bien montrer, que nous autres SDF ne vont jamais jusqu'au bout, que nous finissons toujours par abandonner, que nous nous indignons et nous plaignons, mais que si la situation se présente, de vraiment faire quelque chose, nous tirons la queue entre les jambes. Une bonne connaissance à moi et l'Ombudsfra étaient ensemble en classe et quand, par hasard, je lui parlais de ma lettre, elle me répondit, qu'elle lui parlerait elle-même et essayerait de la convaincre de me donner un rendez-vous. Je l'ai eu peu après; la première fois de ma vie, que je ne suis pas allé à un rendez-vous, sans prévenir! J'avais demandé à Philippe de m'accompagner. Il était là chez elle, ils m'attendaient, je ne venais pas, Philippe m'appela au téléphone, je ne répondis pas. Parler du non-respect des autres et puis agir de cette manière - comportement inexcusable et trop de honte pour réessayer de la recontacter par après. Ce n'était d'ailleurs pas par manque de volonté, ni par perte de courage, que c'est arrivé. Le revers de la médaille d'avoir une ange, qui, quand elle est présente dans ta vie, te donne des forces avec lesquelles tu arrives à déplacer des montages, est que, lorsqu'elle n'est plus là (ou, lorsque tu penses qu'elle n'est plus là), cette force change d'orientation, se tourne contre toi, te jette dans un grand trou noir, dans lequel tout ce qui était important avant, perd son importance. Tout ce qui reste, c'est être envahi de désespoir, ne plus voir de sortie du tunnel, n'attendre plus rien du futur. Elle est revenue, mon ange, je suis sorti de mon trou noir, j'ai retrouvé la confiance en moi et ma vie est redevenue normale. Mais, cette occasion unique (du moins cela aurait pu devenir une occasion unique) de faire un début pour changer toutes ces choses injustifiables et inacceptables, fait partie du passé. Échec complet et total de ma part! Tristesse, regrets, reproches envers moi-même...
 
  Contenu  

Si vous trouvez cet article intéressant, qu'il est important que ces choses sont dites, ou si, pour une raison ou une autre, vous voulez me soutenir, moi et mon site, merci de laisser un petit message dans mon livre d'or.