La vie SDF au Luxembourg

Les institutions sociales au Luxembourg: Streetwork.


Streetwork Uewerstad 2021 - le Maxime container sans Maxime.


Streetwork Uewerstad: Distribution de soupe sur le marché de Noël
Plus qu'on devient vieux, plus vite le temps passe: Presqu'un an et neuf mois déjà que Maxime a quitté son poste de responsable de Streetwork Uewerstad. J'ai toujours voulu en connaître la raison, mais comme avec plein d'autres choses, je suis trop timide et trop hésitant (peut-être trop paresseux aussi) pour aller au fond des choses, pour faire, ce que je juge devoir être fait. J'avais demandé à plusieurs membres du personnel, sans avoir de réponse. M., le client polonais, qui avait fait le comptoir durant tout un temps (pour disparaître du bistrot social à son tour) avait fait plusieurs fois des insinuations, sans être prêt à me dire, ce qui s'était vraiment passé. En tout cas, je pense comprendre que le départ de Maxime n'était pas réellement son choix, qu'elle-même aurait bien voulu continuer à travailler au bistrot (que les clients avaient baptisé Maxime container à son honneur) et être là pour ceux, pour qui elle s'était décidée à pleinement s'engager. Est-ce qu'elle avait été limogée? Ou était-elle partie, parce qu'elle était de plus en plus en désaccord avec la politique imposée par ses supérieurs et le Ministère? J'aimerais vraiment connaître quelqu'un, qui connaît quelqu'un qui connaît toute l'histoire et qui serait prêt à me la raconter...
Depuis que Maxime est partie, je n'ai plus vraiment parlé avec un membre du personnel. Qu'ils ne tiennent pas à discuter avec moi se comprend. Non seulement ma manière très personnelle de voir les choses les intrigue, mais ma froideur générale vis-à-vis de tous ceux, qui travaillent dans le social, les repousse évidemment. Avec Maxime c'était différent. Elle m'aborda régulièrement, quand j'y allais, me demandait si je n'avais pas besoin de ceci, si je ne voudrais pas cela, sans jamais essayer de m'imposer quelque chose. Et plusieurs fois, cela a mené à une vraie discussion. C'était, entre autre, le cas en 2018, le jour où Streetwork Uewerstad distribuait de la soupe gratuite sur le Marché de Noël. Ils l'ont fait cette année aussi (photo). Je l'ai appris par hasard, quand je suis passé au bistrot le mercredi précédant leur action. En fait, j'avais prévu d'en faire un reportage. Mais, moi-même étant dans un très profond trou noir durant quelques jours, le mauvais temps, mes expériences ce jour-là, quand je suis allé prendre un café au bistrot (cf. plus bas) et la difficulté apparente de communiquer de manière constructive avec les éducateurs qui distribuaient la soupe, m'ont fait changé d'avis et j'ai fini par rédigé cet article concernant le Maxime container sans Maxime. Concernant leur action de soupe, le succès était assez médiocre. Leur chalet était placé au bout de la grand-rue, loin du marché officiel. «Guère quelqu'un qui n'a pas déjà mangé, lorsqu'il passe ici», ils me disaient. Par contre, ceux qui prenaient une soupe ne semblaient pas hésiter à faire des dons pour la Croix-Rouge, des dons plutôt élevés, d'ailleurs.
Jusqu'à ce jour, je ne sais pas, qui a pris la place de Maxime en tant que responsable de Streetwork Uewerstad. Je suppose que c'est ce jeune homme assez costaud, car on m'avait dit que ce ne serait personne de ceux que je connaissais et lui, il a commencé son travail au bistrot peu après le départ de Maxime. Je l'ai observé à plusieurs reprises avec des clients et j'ai l'impression qu'il se donnait réellement de la peine pour les aider. D'autre part, son attitude professionnelle me semble bien différente de celle de Maxime. Lui et moi, nous n'avons jamais eu de conversation, je pense même qu'il m'a salué une seule fois, si ce n'est qu'après que je lui ai dit bonjour d'abord. Rien d'anormal pour un membre quelconque du personnel, mais je pense que le responsable du bistrot devrait aussi "voir" les clients, qui ne font pas partie de ceux, qui sont visés par les "endroits pour gens bourrés". Et puis, il me semble qu'il passe la presque totalité du temps au bureau. Maxime se montrait régulièrement devant et dans le bistrot. Cela aussi, fait partie des devoirs d'un chef! Que je ne le voyais pas au chalet de soupe ne m'a pas vraiment étonné. Maxime y était en 2018 et je dirais qu'elle n'aurait pas laissé passer un tel évènement sans y participer activement.
Je n'étais pas toujours d'accord avec Maxime et j'étais bien déçu quand d'une part elle m'a dit combien mes articles seraient intéressants et que ce serait dommage que pas plus de gens les lisent et, de l'autre, n'en a jamais affiché un seul au bistrot. Mais, une chose est certaine: Elle prenait son travail très au sérieux, non seulement par son engagement honnête pour les clients, mais aussi par ses efforts de faire du bistrot un endroit de respect des uns envers les autres. Tandis que les autres membres du personnel laissaient le plus souvent faire les clients, qui violaient les règles ou se comportaient de manière inadéquate, elle les dérangeait et veillait à ce que l'ordre soit rétabli. «Attention, Maxime va bientôt venir» ou «Fais gaffe que Maxime ne te vois pas», j'ai souvent entendu dire ses collègues. Serait-ce peut-être ce manque de support, qui est à l'origine de son départ? J'aimerais vraiment lui parler de toutes ces choses un jour... Apprenant qu'elle serait partie et ne reviendrait plus, je prévoyais la dégradation inévitable de cet endroit, qui au début n'était vraiment pas mal. Et ce vendredi de distribution de soupe montre que je n'ai pas eu tort, bien que ce ne soit pas si grave que j'avais craint. En tout cas, j'étais fort dégoûté quand j'y suis passé pour boire ma tasse de café. L'interdiction de bouteilles en verre semble faire partie du passé, à moins que personne n'intervienne lorsque les clients en apportent. Les alcools forts aussi étaient défendus. Mais ces bouteilles vidés par les clients originaires d'Europe de l'Est contiennent sans aucun doute autre chose que de la bière ou du vin. Difficile à imaginer qu'avec des alcools légers, des gens, qui ont l'habitude de boire durant toute la journée, sont tellement soûls à midi déjà, qu'ils ne tiennent plus sur les jambes. Des hurlements d'ivrognes donc toute la journée, souvent aussi des bagarres, j'ai entendu dire (par contre, plus guère de problème avec la musique mis à fond). Cela ne semble déranger personne. Ce n'est que lorsque ce monsieur particulièrement bruyant, plein comme un trou, est tombé en versant sa soupe sur soi-même et puis, quand d'autres clients essayaient de le relever, il se mettait à distribuer des coups de poings, que les éducateurs sont sortis du bureau (comment peuvent-ils avoir autant de travail, que même s'ils sont à trois ou quatre, ils passent toute la journée au bureau?). Plantés là, sans intervenir, sans rien faire ni dire. Pour moi, une nouvelle fois, le sentiment que le mot "respect" n'a plus aucune signification dans notre société moderne. Il y a encore eu, ce jour-là, le black en vêtements de militaire, qui vendait sans gêne ses drogues sur le banc directement devant le conteneur (pourquoi pas, comme il n'y a plus de Maxime qui pourrait le voir...) et un luxembourgeois, qui se vantait que lui et son copain auraient fait peur à une dame, l'insultant et l'appelant "vieille pute". Ras-le-bol, je suis parti et l'envie de faire un reportage sur le stand de soupe était définitivement partie.
En dépit de ce que j'ai vécu ce jour-là, je pense que la situation chez Streetwork Uewerstad n'est pas aussi dégénérée, que j'avais eu peur quand j'apprenais le départ de Maxime. Les clients d'Europe de l'Est sont soûls toute la journée, bruyants et politesse et respect sont souvent des mots étrangers pour eux, mais, ils ne sont en aucune manière comparables aux jeunes arabes chez la Caritas. Peut-être ils volent d'autres clients, quand l'occasion se présente, mais menacer, chasser, agresser, taper ceux qui ne peuvent pas se défendre, ce n'est vraiment pas leur truc. Et comme les arabes se font rares au bistrot en 2021 aussi, c'est resté un endroit, où on peut aller sans devoir avoir peur. Meilleure preuve: aucune nécessité d'agent de sécurité. La distribution de soupe montre qu'il y a bien des activités sensées (à la différence avec 2018, je n’apercevais aucun client à proximité du stand cette année). La serviabilité et la flexibilité, que j'avais remarqué dès le début chez eux, existe toujours. «La Caritas m'a traité comme un idiot, eux, par contre, ont tout fait pour m'aider.», L. a raconté. Et de continuer: «Le responsable du night-shelter est le gars le plus aimable que j'ai jamais rencontré.» Depuis quelques mois, il y deux nouveaux éducateurs, qui semblent voir leurs priorités de manière très différente des autres. En fait, ils sont présents au bistrot toute la journée, donc en contact direct avec les clients. Cela ressemble un peu au Kontakt 28, avec un échange constant entre personnel et clients. L'un d'eux m'a d'ailleurs à plusieurs reprises offert des sandwichs ou de la soupe, qu'il prépare sur place lui-même. Très bonne chose, la communication éducateurs-clients bien-sûr. Mais, je ne suis pas trop convaincu quelle serait leur réaction dans le cas, où un client viole les règles et en particulier, s'ils voient des gens vendre des drogues dans ou directement devant le conteneur. D'ailleurs, la semaine après l'action de soupe, il y a eu une nouvelle bagarre. L'un de ces parasites, qui n'ont jamais travaillé dans leur vie, qui cachent leur paresse derrière des discours intellectuels et donnent la faute de leurs échecs à la société, provoquait, puis insultait les autres clients. Le personnel intervenait lorsque la confrontation commençait à devenir physique. Mais l'éducateur blâmait L. parce qu'il réagissait aux insultes. Protéger les coupables, accuser les victimes: cette attitude bizarre des gens travaillant dans le social est une chose que j'ai observé maintes fois un peu dans tous les foyers sociaux. Et Streetwork Uewerstad ne fait pas l'exception!
Conclusion à tirer? Personnellement, je regrette le départ de Maxime (qui était vraiment quelqu'un de bien) et je pense que je ne suis pas le seul. Globalement on peut dire que Streetwork Uewerstad est un endroit idéal pour les ivrognes, un endroit, où il ne faut pas avoir peur d'y aller, pour tout le monde. À déconseiller pour ceux qui cherchent le calme, en premier lieu donc pas une place pour des gens fatigués, âgés ou malades (et je pense que pour eux rien n'a changé: aucun endroit, où ils pourraient passer la journée, tranquilles et en sécurité). À moins que ce soit juste y passer pour boire une tasse de café ou manger une soupe. Parmi les services sociaux existants, c'est probablement celui, où il y a le plus de chance de trouver de l'aide. En tout cas, je conseillerais aux sans-abri locaux de parler avec Streetwork Uewerstad avant de faire un rendez-vous avec l'assistante d'un office social, où il n'y a guère d'aide concrète à espérer et surtout avant de commencer quelque chose avec le Foyer Ulysse, ce qui risque de devenir une expérience très négative, voire très douloureuse (par contre, faut-il dire, que ces quelques fois, que je suis passé au Courage, le personnel était serviable, poli et même aimable et gentil; d'autre part, avec leur clientèle particulière, ce n'est pas un endroit pour rester trop longtemps). Mais, même de Streetwork Uewerstad, il ne faut pas trop espérer. Il y a eu cette affaire avec mon compte en banque, où ils avaient oublié (?) de faire ce qu'ils avaient promis. Puis, le jour de la bagarre, quand je demandais s'ils auraient les chaussettes, dont U. m'avait dit de les commander et de mettre de côté une paire pour moi, personne n'en savais quelque chose. Et si L. m'avait convaincu que le night-shelter serait tout ce que n'est pas le Foyer Ulysse et cette horreur de Wanteraktioun (action d'hiver), ma discussion avec Z. a montré qu'il faut être très prudent avant de distribuer des notes positives.
Mais, il y a autre chose. En voyant ces jeunes (immigrés comme résidents), qui ne font rien d'autre que passer dans les magasins pour voler de l'alcool (et s'en vanter au bistrot), se soûler, gueuler, se bagarrer et régulièrement casser les affaires des autres, j'ai de plus en plus l'impression, que les défendre et s'engager pour eux est un non-sens, voire une insulte des gens qui travaillent honnêtement (et beaucoup d'entre eux ayant de plus en plus de difficulté pour arriver avec leur salaire jusqu'à la fin du mois) et qui sont forcés de payer des impôts pour financer des institutions qui voient leur devoir à gâter et faire passer le temps à des profiteurs, parasites et criminels. Peut-être, je n'aurais jamais dû commencer avec mon site SDF!?
allu, décembre 2021

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