La vie SDF au Luxembourg

Les institutions sociales au Luxembourg: Streetwork.


Streetwork Uewerstad - Bilan après 1 an.


Ils favorisent les immigrés, mais ils sont là pour nous aussi
Cela fait un peu plus d'un an que je fréquente le centre Streetwork Uewerstad, un café social, comme on l'appelle officiellement, "a place for drunk people", une personne qui y travaille l'a une fois décrit à un nouveau client. Cette appellation me semble bien choisie, car beaucoup des gens, qui y viennent et souvent y passent toute la journée, ne font guère autre chose que de se soûler, certains déjà "pleins" quand les portes s'ouvrent à 10h le matin.
Il y a plein de choses qui ont changé depuis mai l'année passée, en premier lieu, si au début, où j'y allais, il n'y avait presque que des gens d'ici, notamment un groupe de copains qui venaient tous les jours avec leurs chiens (actuellement, on les y voit rarement), tandis que maintenant, les européens de l'est (hongrois, polonais... des Roms passent régulièrement, mais généralement sans rester longtemps) y ont la majorité. Je n'ai jamais compris pourquoi ces jeunes africains du nord, qui terrorisent les gens dans les centres de la Caritas, peuvent venir au pays et pourquoi ils ont le droit d'y rester, surtout que pas mal d'entre eux sont régulièrement mêlés à des bagarres ou activités illégales et criminelles. Pour les clients de Streetwork Uewerstad c'est différent: ces gens, venant de l'est, ne font que profiter du droit à la libre circulation des personnes à l'intérieur de l'Union Européenne et si l'on considère que tous les citoyens devraient être égaux, il n'est aucunement question de les renvoyer chez eux. Pourquoi les gens honnêtes doivent aller travailler pour financer leur vie de ne faire que du "bordel" toute la journée, est une autre question. Pourquoi il n'est pas possible de montrer un peu de reconnaissance et de respect envers ceux qui ont travaillé et payé des impôts dans ce pays et dire à ceux qui viennent s'installer dans le nid tout fait pour crier «Donne-moi!» du matin au soir, de se comporter juste un tout petit peu comme des êtres civilisés, c'est l'un des aspects de notre système social que je n'arriverai jamais à comprendre. Bien-sûr, ils ne sont pas tous comme cela et il y a aussi des SDF locaux qui n'ont jamais entendu parler de mots comme politesse ou respect. Mais, je dirais, que lorsqu'il y a de la musique à fond, des gens qui gueulent sans s'arrêter, des insultes ou des bagarres (plutôt rares, heureusement), dans 85% des cas ce sont bien eux et non pas des résidents ou des étrangers vivant au Luxembourg depuis des années.
Qu'une "place for drunk people" n'est pas un endroit où un clochard pourrait espérer trouver un peu de tranquillité pour travailler sur son laptop, je suis entièrement d'accord; ces endroits ne sont tout simplement pas conçus pour des gens comme moi. Pourquoi, avec tous ces endroits qui ont été ouverts durant ces dernières années pour ceux, qui passent toute leur vie à faire la fête sur le dos de la société, personne ne voit la nécessité de prévoir une place, où nous autres pourrions aller (et si ce n'était que durant quelques heures en hiver), sans devoir endurer leur musique et sans tout ce vacarme, c'est une question que j'aimerais bien poser à notre ministre de la Famille ou à la bourgmestre de la ville de Luxembourg, mais poser de telles questions aux responsables de notre système social s'est avéré insensé et mauvais pour le moral: «Nous voulons être là pour eux aussi» ou «Ils ont le droit», c'est tout que j'ai eu comme réponses, quand j'essayais d'en parler aux directeurs des centres ou à ceux qui y travaillent.
Avec tous ces gens de l'est, donc beaucoup de bruit et la musique à fond, presque tous les jours et tout le temps. Par conséquent, je n'y vais plus que très rarement, en premier lieu quand je n'ai plus du fric du tout, alors y remplir ma thermos à café ou manger une soupe, parfois aussi à cause de la prise pour mon PC. Endroit plutôt désagréable donc pour moi, mais quand-même toute la différence avec le Courage ou la Téistuff. Une année d'y aller, jamais la moindre chose volée ou cassée, de petites insultes de temps en temps, mais rien de comparable au «Dégage, fils de pute, ta place est dehors», dont j'ai fait l'expérience chez la Caritas. Ces gens, venant chez Streetwork, en dépit de leur comportement souvent repoussant, semblent avoir le sens de l'honneur et rien de la mentalité des jeunes arabes à Bonnevoie, qui, dès qu'ils voient quelque chose qu'ils voudraient avoir (tel mon laptop ou disque USB), le prennent et, si pas possible autrement, par la force. Mais, si je peux aller chez Streetwork sans devoir avoir peur, ce n'est pas seulement dû à une clientèle différente, mais aussi au fait que, là, les éducatrices n'accepteraient pas ce genre de choses et sanctionneraient ceux qui volent et cassent, plutôt que dire à la victime «Fais attention à tes affaires», «Mets-toi à une autre table» ou «Si quelque chose ne te plaît pas ici, tu n'a qu'à rester dehors».
Vu que je n'y suis pas plus qu'une fois par semaine, il ne m'est pas facile d'avoir une opinion vraiment objective concernant Streetwork Uewerstad. Mais, l'impression que j'ai après un an, certes moins bonne qu'au début, reste tout compte fait plutôt positive. Il y a même des jours, où on y est vraiment tranquille et où même ceux, qui font du vacarme tout le temps, se comportent "normalement" (ou presque). Pas de problème de sécurité en tout cas et au Grand-duché de Luxembourg anno 2018, c'est une chose capitale. La plupart des éducatrices sont polies, généralement gentilles et serviables et, il me semble, aussi flexibles, tenant compte de la situation actuelle d'un client donné. En ce qui concerne le bruit, j'ai plusieurs fois vu la responsable intervenir, malheureusement elle n'a pas toujours le soutien de ses collègues qui, souvent, semblent ne pas vouloir s'engager, rester bon copain avec les clients être plus important pour elles que faire suivre les règles du centre. «M. a dit...», elles disent, lorsqu'elles dérangent les gens qui font des choses qu'ils ne devraient pas. Non, ils ne doivent pas changer de comportement parce que M. le veut, parce qu'elle ne voudrait pas qu'ils s'amusent ou n'aurait pas de compréhension pour eux, mais parce que le règlement le prévoit. J'ai aussi plusieurs fois remarqué que certaines éducatrices carrément laissent faire ceux qui font des choses non autorisées (telle fumer leurs joints à l'intérieur de l'enceinte du centre), juste de leur dire «Mais attention! A 2 heures, M. va arriver...» Le rôle de la responsable est capitale, car c'est elle (ou cela devrait être elle) qui doit veiller à ce que son personnel traite correctement les clients et veille à ce que les règles sont respectées. Mais, si certaines ne font pas leur boulot comme ils devraient, ce n'est pas forcément et certainement pas dans tous les cas la responsable qu'il faut blâmer!
J'ai fortement l'impression que les éducatrices passent 10 fois plus de temps avec les immigrés qu'avec les gens d'ici et que cela n'est pas à expliquer du seul fait que ceux-ci constituent la majorité de la clientèle actuelle. Que certains de ceux-ci leur disent tout le temps combien elles sont jolies, leur font les plus beaux compliments et parfois des cadeaux ne devrait pas y être pour beaucoup non plus. La raison principale, d'après moi, c'est que ces privilégiés sont extrêmement gâtés et exigeants et ont des douzaines de vœux. Et pratiquement toujours (une nouvelle fois je me demande pourquoi), la Croix Rouge, responsable de Streetwork Uewerstad, fait tous les efforts pour les satisfaire. Est-ce vraiment leur devoir de payer le train vers la Roumanie à un Rom, qui passait des années ici à insulter les gens chaque fois qu'il était ivre comme un trou? Ou bien, ce monsieur, qui ne se réveille de son sommeil de vodka que pour être le premier au comptoir dès que les repas chauds sont distribués, pourquoi lui, il a le droit à des dents gratuits, tandis que cette femme luxembourgeoise, qui a perdu son travail suite à une maladie, doit renoncer à autre chose pour payer elle-même les siennes? Je ne sais pas ce que notre ministre de la Famille entend par justice sociale (et je ne peux qu'espérer qu'après les élections et avec l'autre parti au pouvoir, les choses changeront), moi, en tout cas, je ne saurais pas l'appeler autrement que discrimination et non-respect envers ceux qui ont aidé à construire le pays, que ceux qui font ces lois injustifiables, gouvernent. D'autre part, lumière dans le noir, à la nette différence avec la Caritas, où d'une certaine manière ce sont les jeunes arabes qui décident qui peut entrer dans leurs centres et qui sont ceux qui risquent de "tomber dans les escaliers" s'ils y vont et avec la Stëmm vun der Strooss, qui donne de plus en plus l'impression de tout faire pour chasser les gens de la rue de leurs locaux, il reste des possibilités réelles pour les gens d'ici de recevoir de l'aide, même si pour cela il faut souvent beaucoup de patience et demander une dizaine de fois. La responsable m'a plusieurs fois fait des offres, en particulier en rapport avec leur centre de nuit à Eich. Un autre SDF m'a dit, que cela ne signifierait absolument rien, que tout ce qu'elle ferait, serait calculé, que ce ne serait que pour m'avoir là, où elle voudrait m'avoir. Pas possible d'avoir une opinion objective. Elle est plutôt très gentille avec moi (en dépit de mon choix de ne plus jamais faire confiance à des gens qui travaillent dans le social et de prendre une attitude distancée et froide envers eux), mais si je regarde que combien de fois je me suis retrouvé dans un trou noir, justement parce que j'ai fait l'erreur de croire ce que des éducateurs tout gentils m'ont raconté... Quoi qu'il en soit, c'est Streetwork qui a fait en sorte que j'ai eu une carte de libre accès au transport public (est-ce le hasard, que ce n'est pas la Croix Rouge qui l'a financée, mais que cela ne devenait possible que grâce à l'office social de la région où je squatte?). J'ai aussi eu, immédiatement et sans discussion, un nouveau sac de couchage en hiver, après que la tirette du mien ne fermait plus et que la Stëmm m'avait "brutalement" refusé de m'en donner un autre. Et quand je leur ai donné ma lessive, l'éducatrice a réellement demandé si j'en aurais besoin pour le lendemain. La responsable m'a aussi dit, que lorsque tout le personnel ne serait pas là, je pourrais me mettre quelques heures dans leur bureau avec mon laptop ou sur le canapé si j'étais une fois vraiment crevé. Je n'ai jamais demandé, mais je pourrais m'imaginer qu’elle pensait effectivement ce qu'elle disait. Flexibles, ils le sont, là il n'y a pas de doute. Et cette flexibilité n'est en fin de compte rien d'autre que d'être prêt à vraiment vouloir aider, c'est-à-dire essayer de nous donner ce dont nous avons réellement besoin et non pas essayer de nous imposer ce qu'eux, ils jugent être bon pour nous.
Une chose, qui m'a fortement impressionné, c'est cet espace vert plein de fleurs, qui naît depuis quelques mois à l'intérieur de l'enceinte. Il me semble que c'est presque exclusivement l’œuvre d'un client qui semble non seulement s'y connaître et avoir plein de bonnes idées, mais en plus semble adorer ce faire et passe des heures et des heures en travaillant avec ses plantes. J'ai vu plusieurs fois que les éducatrices admiraient ce qu'il fait, l’encourageaient à continuer et lui donnaient des conseils. Un exemple en plus de faire la stricte différence entre un endroit comme le Courage, qui dans mes yeux ne vaut pas plus que d'être fermé et le "M. container" qui a tous ses droits d'exister. Et les ivrognes grossiers et bruyants de l'Europe de l'est, qui y ont trouvé leur nouveau chez-eux, n'y changent absolument rien!
Ils vont finir par tout détruire, ce qu'ils ont construit
Tout ce qui brille n'est pas de l'or et ce que les éducatrices et leurs supérieurs pensent vraiment, ce qu'ils entendent vraiment par nous aider, combien ils sont prêts à vraiment nous écouter et à se mettre en question eux-mêmes et leur boulot, c'est une autre question. J'avais passé l'article de David Broman, basé sur mon texte concernant la dignité humaine et publié dans Le Jeudi le 21.12.2017 à la responsable de Streetwork Uewerstad, lui demandant si elle pourrait éventuellement l'afficher avec tous ces autres extraits de journaux, montrant notre Grand-duc serrant la main à un sans-abri, racontant les expériences de jeunes qui ont passé une journée avec des SDF et similaires. C'était très naïf de ma part d'espérer qu'elle le fasse. En fait, à part Philippe, je n'ai jamais rencontré de gens, travaillant dans le social à Luxembourg, qui ne seraient pas tellement sûr d'eux et de la manière dont ils font leur travail qu'ils seraient prêts à juste un tout petit peu prendre au sérieux ce que quelqu'un de nous a à dire. Ils n'aiment pas ceux qui pensent et ne supportent pas ceux qui disent ce qu'ils pensent. Des contestataires ingrats ayant des impressions qui n'ont rien à faire avec la réalité, des gens qui ne veulent que nuire à ceux qui voudraient les aider; voilà comment ils nous voient et nous font voir par les autres clients et les "gens réguliers". Une nouvelle fois, ce n'est pas forcément la responsable du centre à qui il faut faire des reproches; je pourrais très bien m'imaginer que la direction de la Croix-Rouge n'apprécierait nullement l'affichage de tels articles. Mais, je pense qu'elle aurait dû ouvertement me dire que ce genre d'article ne sont pas les bienvenus au "M. container" (ou au moins me rendre le journal qui, si je me rappelle bien, m'a coûté 3€).
Tout compte fait, "Streetwork Uewerstad" pourrait être un endroit plutôt bien, pas forcément pour moi, mais pour plein de gens qui méritent avoir une place où passer la journée. Pourrait ... si on arriverait de se débarrasser de quelques personnes, en fait, si monsieur Z. se cherchait un autre endroit pour emmerder les gens, 75% du bruit et autres problèmes seraient inexistants. Qu'ils auraient justement la mission d'être là pour des gens comme lui, la responsable m'a dit. J'en ai discuté l'autre jour avec Philippe et il en pense exactement la même chose que moi: même si un tel centre a été construit dans le but d'accueillir des gens qui ont plein de problèmes avec eux-mêmes et avec les autres, qui sont dépendants de l'alcool et n'ont jamais appris à s'intégrer dans une structure sociale, il n'est pas justifiable d'encore et encore excuser et protéger quelqu'un qui ne montre aucun respect devant les autres, engueule les gens, les provoque, les insulte. Et donner à une telle personne des droits et privilèges, dont je n'ai vu bénéficier personne d'autre (elle l’emmenait en voiture, une fois par semaine durant l'après-midi, dans leur centre à Eich pour qu'il puisse prendre sa douche, alors que le centre n'ouvre qu'à 19h)... Une chose, qui m'a fortement intrigué, c'est que les privilèges de monsieur Z. ne concernent pas seulement les autres clients, mais aussi des membres du personnel, tel l'ATI qui fait le comptoir. Des dizaines de fois, j'étais témoin qu'il l'a emmerdé, provoqué, souvent aussi sauvagement insulté. Et chaque fois, quand celui-ci a essayé de riposter, les éducatrices lui ont dit, parfois en l'engueulant à leur tour, de se taire. Je ne suis jamais arrivé à voir cela autrement que d'exiger de l'ATI (de quelqu'un qui travaille tous les jours pour eux) de devoir accepter de se laisser traiter comme le désire cet ivrogne colérique sans aucun respect qui se trouve lui-même rigolo quand il va à la grande toilette sans fermer la porte. J'ai essayé de trouver une explication, demandé aux autres clients, à la responsable et autre personnel. Sans succès. Qu'il aurait la protection particulière de M. quelqu'un m'a dit et que de ce fait, les autres SDF auraient abandonné de contester et les éducatrices, qui voudraient intervenir, n'en auraient pas le droit. Juste une hypothèse sans aucun fondement? Et si elle était juste, pour quelle raison? Y-aurait-il une relation au-delà du professionnel entre la responsable du centre et monsieur Z.? Inacceptable, bien-sûr, mais ce serait humain et je pourrais vivre nettement plus tranquille avec cette éventualité que d'aucunement pouvoir comprendre pourquoi quelqu'un, qui normalement fait du bon travail, oublie régulièrement ce que signifie respecter ceux qui fréquentent 'son' centre, tout comme ceux qui travaillent 'pour elle', dès que monsieur Z. entre en jeu.
Constater que certains clients ont tous les droits et privilèges que les autres n'ont pas, n'est rien de nouveau. Et que ceux-là sont ceux qui se comportent comme les derniers cochons, ne respectant ni rien ni personne, c'est pour ainsi dire toujours le cas. Ce qui rend la situation à "Streetwork Uewerstad" particulière, c'est que globalement, le personnel fait du bon travail. Normalement déranger ceux qui font trop de bruit (même les mettre dehors), mais accepter que ce monsieur gueule comme il veut et même dans le bureau des éducateurs? Le laisser faire quand il emmerde, provoque ou insulte les autres, qu'est-ce autre chose que respecter celui qui ne respecte pas et par là, refuser le respect aux autres, clients aussi bien que membres du personnel (et je ne serai jamais d'accord que cet ATI, toujours très gentil avec moi, serait moins que ces jeunes diplômées et devrait se laisser crier dessus par elles parce qu'il essaie de se défendre contre celui qui, parfois, fait vraiment tout, pour lui faire mal)? Pourquoi s'occuper préférentiellement d'un tel type, lui offrant des services auxquels les autres n'ont pas le droit, car pas prévus par le règlement? Même si je vivais 100 ans, je n'arriverais jamais à déceler leur logique, à comprendre leur attitude. Est-ce qu'ils ne voient pas que des gens comme monsieur Z. se prendront de plus en plus de libertés, que le personnel ne saura plus les contrôler du tout, étant forcé à prendre des mesures comme appeler la police pour les calmer? Que des SDF qui y trouvaient refuge régulièrement, n'y iront plus? Que des éducateurs en auront assez de 'tout le bordel' qu'ils font tout le temps, en deviendront fatigués et de mauvaise humeur (avec toutes les conséquences que cela aura pour la vie commune au centre) ou même finiront par se chercher un autre travail? Que les autres clients se diront "Si eux, pourquoi pas nous aussi?" et les imiteront dans leur manière grossière et non-respectueuse? Pourquoi, à cause de quelqu'un qui refuse catégoriquement de montrer du respect envers les autres, risquer de détruire tout ce qu'ils ont construit? Incompréhensible et bien-sûr très, très dommage!
La situation, telle que je l'ai décrite jusqu'à présent, est celle comme je l'ai vue avant le 27 juillet. Ce jour, beaucoup a changé pour moi. Comme je l'ai dit plusieurs fois dans ce texte, "Streetwork Uewerstad" était un endroit, qui, même si peu approprié et souvent plutôt désagréable pour moi, me donnait l'impression que je pourrais y aller sans devoir avoir peur, ni pour mon laptop, ni pour ma propre sécurité. Jamais été volé, jamais quelqu'un qui aurait voulu me chasser. Et bien, ce n'est plus le cas. «Je ne te supporte pas avec ton sale laptop», ce jeune luxembourgeois (la première fois que cela m'arrivait avec un SDF résident) me cria, m'insulta de tous les sales noms qui existent, tout en me menaçant ouvertement et devant tout le monde: «Emballe ton laptop et dégage! Sinon je tape en plein avec le pieds dedans!» Je lui ai demandé pourquoi cette haine, que je ne lui aurais jamais rien fait de mal, que je ne lui aurais jamais pris un repas chaud ou autre chose (que peut-être il considère être réservés aux "drunk people"). Avec ces gens, qui consomment du matin au soir, il est difficile de dire, combien soûls ou autrement dans les nuages ils sont. Ainsi, aucune idée, si mes paroles l'ont atteint. Que finalement il n'a pas fait, ce qu'il jugeait juste et nécessaire à mon égard (ou plutôt envers mon ordinateur), c'était probablement dû en premier lieu au fait que cela s'est passé quelques minutes avant la fermeture du centre.
La responsable n'était pas là ce jour; j'aurais bien voulu lui demander, si, continuant à aller chez eux et y sortir mon laptop que l'un de leurs clients 'normaux' finirait par casser, ce serait la faute de celui qui a détruit mon matériel ou, comme c'est le cas chez la Caritas, ma faute parce que je n'ai pas écouté son avertissement ou plus généralement parce que j'ai pensé avoir le droit de fréquenter un endroit, où des gens qui ne sont pas comme les autres devraient rester dehors et s'ils y entrent quand même ne devraient pas se plaindre que de telles choses arrivent. On peut dire que c'était une seule fois sur tout un an que j'ai été menacé, mais chez la Caritas, il y a 3 ou 4 ans, personne ne l'a jamais fait, puis les vols, casses et agressions commençaient doucement, devenaient de plus en plus fréquents et étaient de plus en plus tolérés par le personnel et finalement, après une dizaine d'incidents, y compris des agressions physiques contre moi-même, cette éducatrice qui m'a dit si quelque chose ne me plaisait pas, je n'aurai qu'à rester dehors... Ce ne serait probablement pas difficile d'éviter ces expériences: renoncer à toute activité intellectuelle, me mettre à boire et à gueuler avec eux, je suis certain qu'ils m’accepteraient sans problème. Et si j'achetais 2 fois par semaine les petits sachets que vendent les jeunes arabes, je pourrais même fréquenter le Courage et la Téistuff sans courir le moindre risque. Dans ce sens, tous mes problèmes ma propre faute? Parce que si tu veux que les gens te traitent comme eux, tu dois te comporter comme eux? Je ne suis pas fait pour boire, avec les 18 ans que j'ai travaillé au Luxembourg j'ai fait assez pour ces jeunes vendeurs de drogues, vivant ici grâce aux impôts que nous autres idiots ont payé et puis, toutes ces choses illégales, la violence, la nécessité d'apprendre à taper les autres pour être vraiment respecté - avec l'éducation que j'ai eue, même si je le voudrais, je ne pourrais pas m'intégrer dans ce monde gouverné par la loi du plus fort. Donc, soit continuer à y aller et risquer de perdre pour la 6e fois tout ce qui me tient à cœur, soit continuer ma vie de réfugié dans ce qui était mon pays, en espérant qu'un jour, il y aura une place ou des gens 'anormaux' comme moi pourront y aller en tranquillité et en sécurité. Paroles d'un imbécile stupide et naïf qui sait bien que Saint Nicolas n'existe pas et quand-même continue à y croire. Peut-être juste parce qu'il est trop minable pour accepter la réalité, prendre son courage dans deux mains et tirer les conséquences de ce qu'il vit depuis plusieurs années...
allu, juillet 2018