La vie SDF au Luxembourg

Des jeunes diplómés sans aucune éthique professionnelle?

Une attitude générale dans notre société moderne
Dès mes débuts en tant que SDF, j'ai contesté la manière, dont le personnel des institutions sociales voit et traite leurs clients. Chaque fois, que je me plaignais du comportement des éducateurs au Foyer Ulysse auprès d'un copain, il me répétait: «Ce n'est pas un problème de la Caritas, mais de toute la société!» Sans aucun doute qu'il a eu raison. Avec les expériences, que j'ai faites avec les gens et en particulier avec les jeunes, il me semble qu'on ne peut arriver qu'à une seule conclusion: On ne peut pas attendre quelque chose de quelqu'un, chez qui ce quelque chose n'existe pas ou, du moins, n'a aucune signification réelle. Se laisser aller de tous les points de vue, faire du bruit et de la saleté, sans respecter les autres et leurs affaires, passer plein de temps à jouer au smartphone et ne faire que le stricte minimum au travail (vu en premier lieu comme une source de fric pour financer leur vie de luxe), ne pas vouloir prendre leur responsabilité, être persuadés de tout savoir et ne pas se mettre eux-mêmes et leurs directives professionnelles en question, être prêt à pratiquement tout pour faire partie "du groupe" ... bien-sûr ce n'est pas le cas de tous les jeunes, mais une attitude, qu'on observe chez une bonne partie d'entre eux et cela avec une tendance fortement croissante. Pas étonnant donc, qu'avec les vieux partant en retraite (et ceux qui voudraient vraiment aider les démunis, résignant et se cherchant un autre emploi) et l'arrivée de ces jeunes diplômés dans les centres sociaux, ce qui était considéré comme anormal dans le passé, devient de plus en plus normalité et vice-versa. Quelques exemples concrets dans ce texte. Et je pense, qu'il faut vraiment se demander, comment c'est possible et où cela va mener.
On les rencontre assez fréquemment dans la rue, les streetworkers de la Caritas et je ne les ai guère vus autrement qu'avec le GSM à l'oreille en train de tenir des conversations importantes du genre «Salut, mon pote! Où on va sortir ce soir?» Utiliser le smartphone au travail est devenu chose courante, mais, pour moi, aucune raison pour trouver cela normal et, dans le cas de gens travaillant dans le social encore moins. D'abord, le bien-être des plus pauvres du pays dépend de ce qu'eux ils font ou ne font pas. Et puis, quand on regarde comment beaucoup de ceux, qui paient leur gros salaire grâce à leurs impôts, doivent se crever jour par jour et, quand-même, retourner chaque sous pour pouvoir payer leur loyer ou rembourser leur prêt à la fin du mois... Des éducateurs, accros au smartphone, il n'y en a pas seulement chez la Caritas. Chez Streetwork Uewerstad, au moins l'une d'entre eux me semble passer pas mal de temps avec son GSM. Et au Kontakt 28, avec plein de remaniements du personnel et l'embauche de jeunes, Facebook et Co. sont bien en train de gagner du terrain, aussi.
Un autre exemple de comportement douteux de l'une de "ces jeunes" au Kontakt 28. Peut-être, elle est particulièrement frileuse, peut-être, elle est juste trop paresseuse pour mettre un manteau. Quoi qu'il en soit, elle a cette très mauvaise habitude, quand il fait froid, de fumer restant plantée à l'intérieur, juste le bras avec la cigarette sur la terrasse. La fumée pouvant donc entrer dans la salle (ce qui dans mes yeux n'est pas vraiment différent de fumer dedans, ce qui est interdit par la loi) et, en plus, le froid entrant aussi et j'imagine que c'est pas gai pour "tox", plus mal en hiver encore que d'habitude. Ses collègues ne disent rien, mais en 2020, c'est déjà chose positive qu'ils ne l'imitent pas.
Comportement étrange (on peut aussi l'appeler non-respectueux) de ce jeune homme (je pense qu'il y travaille en tant que stagiaire) chez Streetwork Uewerstad. Bien qu'il y ait une douzaine de chaises et de fauteuils, il se met toujours le cul sur la table, parfois, assis "à la chinoise", les jambes croisés et les pieds sur la table, aussi. Aucune idée, s'il assois de cette manière à la maison ou au bureau des éducateurs, aussi, en tout cas, au bistrot, il n'a aucune gêne de le faire (et, ici aussi, personne qui ne dit quelque chose). On pourrait (à la limite) le comprendre, s'il s'agissait d'un gosse ou de l'un de leurs clients bourrés du matin au soir, mais un jeune adulte, sur son poste de travail? Si on imagine, que ce monsieur aura peut-être des enfants, lui-même, un jour...
J'ai déjà parlé sur ce site de cette jeune fille, qui a fait son stage chez Streetwork Uewerstad l'année passée. Très jolie et faisant de la boxe, ce qui aurait pu être une sûreté d'elle positive, se manifestait comme une arrogance et un non-respect, qui m'a bien choqué. Non pas le fait, qu'elle me parlait comme si j’étais son gosse, ni que je l'ai entendu discuté avec un client, au sujet de ce "fou au laptop". Si "anormal" (d'un point de vue mathématique), je peux accepter, être considéré comme "fou", si on est différent, n'est pas approprié, mais ce n'est pas la première fois que j'ai entendu de tels propos. Ce qui m'a choqué, c'est la manière, dont elle a parlé de sa collègue. Qu'elle ne serait pas faite pour travailler en contact direct avec des sans-abri, peut-être dans un bureau, mais pas dans un endroit comme un bistrot social. Ceci devant les clients! Et en parlant de quelqu'un, qu'elle ne connaissait que depuis quelques jours!
J'ai aussi déjà mentionné plusieurs fois le fait, que les jeunes éducateurs ne prennent pas leurs responsabilités, soit ne dérangeant pas ceux qui brisent les règles, soit se cachent derrière des phrases comme "M. ne veut pas que..." ou "Vous ne devez pas ... parce que M. a dit...", soit justifiant leur non-intervention en prétendant que c'est par compréhension des clients ou de leur situation. Ainsi, avec le départ de M., rouler les joints à l'intérieur et ne plus devoir sortir sur le trottoir pour les fumer est devenu normalité, tout comme faire de la musique, le volume mis à fond ou encore (du moins toléré par certains d'entre eux) de boire des alcools forts dans le café. Avec pour conséquence, de plus en plus de chaos; l'une des dernières fois, que j'étais là, à nouveau une de ces bagarres, qui a fini avec un nez saignant. Avoir peur de s'engager, le souci d'être bien vus par les clients au lieu de risquer d'être considérés comme non-compréhensifs et les empêchant de s'amuser, le désintérêt général ou juste la "mentalité normale" des jeunes d'aujourd'hui? Pour moi, en tout cas, si la Croix-Rouge a émis des règles concernant le comportement au bistrot, les éducateurs sont obligés de les faire suivre et de sanctionner ceux, qui les brisent. C'est le principe de fonctionnement de toute société ou institution civilisée et s'obstiner à ne pas le faire, c'est une faute grave envers leur employeur, on pourrait dire aussi, recevoir un salaire, plus qu'attrayant en comparaison de ceux qui construisent le métro dans le froid et sous la pluie, pour ne pas faire leur travail!
Faire confiance à une institution sociale ou à ceux, qui y travaillent, est chose dangereuse. J'ai encore et encore fait l'expérience que c'est une source de déception et le risque de se retrouver dans un trou noir, nécessitant avec le temps de plus en plus de force pour en sortir. J'ai déjà raconté l'histoire de mon compte chez la Poste, l'oubli de Streetwork de tenir la promesse de payer la carte bancaire et finalement cette situation idiote de devoir payer des frais de 40€ pour fermer un compte, que je n'ai jamais utilisé. Une déception chez Kontakt 28 aussi, ce qui, vu le fait, que j'ai toujours considéré cette institution comme exemplaire, fait particulièrement mal. J'étais fortement intrigué de voir les "tox" couchés dans la cour, sur le sol nu, sans protection réelle contre le froid. Je leur ai donc demandé, si ce n'était pas possible d'acheter quelques matelas, de les mettre le matin et les rentrer le soir, pour qu'ils restent secs. Un engagement financier ridicule pour les acheter, un petit coin pour les stocker et un minimum de travail supplémentaire pour les déplacer. Avec un gain évident de confort pour des gens malades. Et un gain tout aussi important pour ce que j'appelle sentiment humain. Les éducateurs m'ont dit que je devrais en parler à la responsable et elle de me dire que cela devrait être décidé en team et qu'ils en parleraient dans leur prochaine réunion. Et par après, qu'ils n'auraient pas eu le temps ou oublié, qu'il y aurait eu plein de choses vraiment importantes à discuter, que tout le monde n'aurait pas été présent... «Tu dois te rendre compte, qu'ils vont essayer de te fatiguer pour te faire abandonner!», Philippe m'avait averti qu'on j'ai commencé ma lutte pour la dignité humaine. Et c'est exactement cela, qui est arrivé! Après avoir essayé d'avoir une réponse à ma proposition à plusieurs reprises, me sentant comme un idiot, qu'ils ne prennent aucunement au sérieux, j'ai résigné. Il n'y a jamais eu de matelas. «Ils auraient au moins pu avoir le minimum de politesse et de respect de te dire, ce qu'ils ont décidé et pourquoi», Philippe a commenté. Et oui...
Pour terminer la description de cette triste réalité, dans laquelle nous vivons au Luxembourg 2020, quelques points blancs, ou au moins grisâtres, dans le noir. Peut-être pour montrer au lecteur que je ne vois pas que les choses négatives, peut-être juste pour faire croire à moi-même que les choses positives existent et, qu'en dépit des expériences que je fais, cela vaut la peine de continuer mon combat. Après le vol de mes sacs de couchage, j'aurais pu en avoir un nouveau chez Streetwork Uewerstad sans discussion. Le temps, que T. s'est pris ce jour-là pour me montrer leur night-shelter, c'était bien gentil; d'ailleurs, bien de choses, qu'elle m'a dit à cette occasion, donne du moins l'impression, qu'il n'est pas impossible de changer la situation actuelle. Surprise aussi au Courage, où, quand j'y suis allé 2 ou 3 fois pour avoir un café ou une soupe, le personnel n'étais pas seulement très poli et serviable, mais aussi d'une gentillesse, à laquelle je ne m'y avais pas attendu...
allu, avril 2020