La vie SDF au Luxembourg

Plaidoyer pour une vie libre en dignité pour tout le monde.


 
Fake: Une lecture sur l’autoritarisme fascisant (affiche au Kasemattentheater, Bonnevoie)
 
Un mois passé, depuis que j'ai envoyé mon article Avant de mourir, rentrer dans mon pays durant juste une semaine... à 19 journaux, radios et TV du pays. À part une réponse, presque immédiate, personne n'a réagi et je suppose ne va réagir. Pour être honnête, je m'y suis attendu et que personne ne s'est pris 2 minutes pour me dire en 2 phrases, pourquoi ils n'ont pas publié mon texte, n'est-ce pas là aussi l'attitude normale au Luxembourg du 21e siècle? Un peu déçu quand-même, car après la réponse favorable du Luxemburger Wort, j'avais vraiment pensé que peut-être je me serais trompé concernant les médias, les journalistes, la mentalité des gens modernes.
Le Wort a publié mon article sous le titre Sans dignité dans leur courrier aux lecteurs dans l'édition de samedi, 14 décembre 2019. Un grand merci de la part de tous ceux, qui, pour une raison ou une autre, sont discriminés, jugés, haïs, terrorisés par ceux, qui se prennent le droit de définir qui fait partie des citoyens respectables et qui est à considérer comme moins qu'eux ou même moins qu'un chien. L'article dans le Wort (légèrement modifié, la comparaison avec l'Allemagne au début du national-socialisme ayant été coupée) comporte une photo (un sans-abri anonyme) et je me suis demandé si c'est juste un hasard ou intentionnellement voulu, une question du layout de la page ou le choix du rédacteur d'attirer l'attention du lecteur. En tout cas, deux choses me semblent claires:
  • Même si nous perdons de plus en plus de la liberté, que nous garantit notre Constitution, tout le monde, y compris un clochard vivant dans la rue, a encore le droit de dire ce qu'il pense et cela en plein public.
  • La presse libre existe encore au Grand-duché et il y a encore des rédacteurs et journalistes, qui voient leur devoir à donner une voix à ceux, qui n'en ont pas.
L'article est aussi disponible sur le site Internet du Luxemburger Wort (il faut indiquer son e-mail pour pouvoir le lire en entier). Voici, le lien direct.
«Quel plaidoyer! Et quel courage! Oui, tu dois absolument l'envoyer à tout le monde», quelqu'un qui se connaît dans la rédaction d'articles en rapport avec le social m'a dit. Bien-sûr, il faut considérer que nous nous connaissons assez bien et que nos idées concernant la vue du monde et des hommes, ce pays et sa politique, cette société et ces citoyens sont très proches. Mais, je sentais la même chose. L'ayant écrit après une année avec plein d'expériences très négatives dans les centres pour SDF tout comme avec les gens, avec de plus en plus de préjugés et de haine, de discrimination et de harcèlements endurés de la part de mes concitoyens, qui semblent ne plus être capables d'accepter ceux qui sont différents d'eux, différents d'une norme, définie par ceux qui ont l'argent et le pouvoir, j'ai ressenti non seulement le besoin de divulguer mon article, mais je l'ai considéré comme un devoir. «Ta participation à la construction de l'humanité», P. a appelé une fois ma lutte pour la dignité humaine.
Si le Wort semble avoir mis l'importance sur la dignité des sans-abri au Luxembourg, pour moi personnellement, mon texte va beaucoup plus loin, parlant de tout le monde, concernant tout le monde et dans l'intérêt (pour le futur) de tout le monde. Je considère mon article comme:
  • Un plaidoyer pour la dignité de tous, la tolérance, l'acceptance d'autrui, comme il est, au lieu de juger, de discriminer, d'exclure, voire de haïr des gens juste parce qu'ils sont différents, d'une manière ou d'une autre.
  • Un avertissement contre le danger que présentent l'intolérance et la haine contre des minorités. L'histoire nous montre plein d'exemples, où peut conduire, ce qui débute par la discrimination de ceux qui ne répondent pas à la norme, définie par ceux qui se croient supérieurs.
  • Un appel à tout le monde d'aider à tourner la roue en arrière, d'essayer de revenir à une société, où il y a d'autres valeurs que l'argent. Vivre et laisser vivre, vivre ensemble, de manière respectueuse et civilisée, se parler, partager.
  • Un appel à nos politiciens de revoir cette politique absurde de dépenser des centaines de milliers d'euros pour des gens, qui ne viennent ici que pour profiter, s'enrichir par la vente de drogues et le vol, casser et taper, tout en faisant croire qu'aider d'abord ceux, qui ont construit ou construisent le pays, serait du racisme. Respecter ceux, qui ne respectent ni rien, ni personne, c'est refuser le respect à ceux, qui se comportent d'une manière civilisée.
  • Un autre avertissement encore: Être vigilant et ne pas nous laisser faire, quand ceux, qui ont le pouvoir et l'argent, essaient de nous enlever ce que notre Constitution nous garantit: La liberté des citoyens en tant qu'individus, la libre expression de l'opinion, l'inviolabilité de la propriété privée, les mêmes droits pour tout le monde ... Si nous ne luttons pas pour défendre ses droits aujourd'hui, nous détruiront l'avenir de nos enfants!
L'image en haut de page est une photo que j'ai prise d'une affiche devant le Kasemattentheater à Bonnevoie. Les deux phrases, qu'on y peut lire, me semblent bien résumer le contenu de mon article. Fake est une lecture en trois langues sur les populismes autoritaires. L'essai de faire quelque chose contre cette évolution inquiétante de la société, un peu partout en Europe, avec la montée des partis fascistes et de plus en plus de gens, qui se laissent entraîner par leurs idées malades. Voici 3 des 14 caractéristiques typiques du fascisme, qu'Umberto Eco a décrit en 1995: l’anti-individualisme, le refus radical de la différence, l’appel aux classes moyennes frustrées. Des caractéristiques que je rencontre tous les jours dans mes expériences avec les gens (comme on peut le relire dans les textes sur ce site) tout comme dans les conversations des gens.
«Il ne faut jamais oublier que la démocratie parlementaire ne peut pas d’elle-même garantir ses bases essentielles sans l’engagement actif des citoyens. Mais il faut d’abord se tenir informé et s’instruire, notamment pour ne pas tomber dans le piège des fake news. Les sciences humaines et sociales, et surtout la littérature, sont des armes utiles, parfois indispensables, pour voir plus clair, convaincre et combattre! Making empathy great again! Making democracy great again!» (Extrait du PDF "Théâtre Ouvert de Luxembourg - Saison 17/18"). Peut-être mon article sur ce site et sa publication dans le Wort pourront y contribuer un tout petit peu...
 
  Contenu