La vie SDF au Luxembourg

Plongé dans le néant durant un an - et ressucité...


Rêver de toi est plus fort que le néant
La liberté de l'être humain en tant qu'individu et ses possibilités de librement faire des choix et ainsi être lui-même l'artisan de son destin constituent les bases de la philosophie de Jean-Paul Sartre et constituent, depuis mes temps au lycée, les bases de ma vue du monde et des hommes. Cette vue, et avec elle tout mon espoir concernant ma situation actuelle et, plus encore, mon futur, fût fortement ébranlée l'année passée, quand j'ai perdu mes capacités de rêve, ou plutôt quand j'ai cru les avoir perdues, quand je me suis imaginé qu'elle serait sortie de ma vie pour toujours, que je serais tout seul, sans but, sans espoir, sans avenir. Le néant s'est emparé de moi; j'ai abandonné ma lutte pour la dignité humaine et continuer avec mon site (informatique tout comme SDF) devenait de plus en plus un pur moyen pour tuer le temps, sans envie de vraiment faire quelque chose, sans vraiment pouvoir me réjouir des programmes que j'écrivais, perdant confiance en moi-même et aux autres. «Un dernier article dans la section Dignité humaine», j'ai écrit le 16 octobre 2018. Je l'ai enlevé du contenu de cette section du site aujourd'hui, car je suis sûr et certain, que ce que j'y écrivais n'est pas ce qu'est la vie réellement.
Bien-sûr, la liberté individuelle n'est pas absolue et ce que devient notre vie dépend en une partie non négligeable de ceux qui nous entourent, en premier lieu, ceux pour qui bat notre cœur, ceux que nous aimons, ceux à qui nous avons confiance, ceux qui par leur présence et leur soutien sont capables de remplir nos piles lorsqu'elles sont vides. Mais, cela ne veut nullement dire que le libre choix n'existe pas! Ce sont nous et nous seuls qui décidons si nous abandonnons et nous laissons aller, ou au contraire, continuons à espérer, à croire, à souhaiter, à rêver. Et le rêve est plus fort que le néant!. Si nous croyons très, très fort à quelque chose, si nous le souhaitons plus que toute autre chose au monde, le néant ne sera pas capable de détruire nos rêves. Notre force et notre courage nous reviennent, nous regagnons confiance en nous-mêmes, nous recommençons à avoir de l'espoir, de voir un avenir, un but, un devoir.
Quand j'ai appris que non seulement elle va bien, mais qu'elle semble être réellement heureuse, tout ce qui était durant cette année passée dans mon trou noir était oublié. Je suis à nouveau convaincu de la revoir un jour; je sais que mon rêve n'est pas une illusion, mais pourra se réaliser. Les problèmes avec les gens, en premier lieu les écoliers, qui utilisent mon squat comme local pour fumer leur cannabis, subsistent, mais je sais que je suis fort assez non seulement pour survivre dehors, mais aussi pour m'adapter à la nouvelle situation. Ainsi, en dépit de plus en plus d'arabes, en dépit d'ivrognes qui ne cessent de gueuler, en dépit de la musique mis à fond quand M. n'est pas là, j'arrive à travailler sur mes programmes et mon site Web chez Streetwork Uewerstad. Et la confiance en moi regagnée, les moqueries et insultes des "gens normaux", qui avant faisaient de plus en plus mal, ne me touchent plus. Je sais que je ne suis ni un moins qu'un chien, ni un fol imbécile. Je sais que je suis un être humain adulte à part entière et je sais que ces centaines d'heures, que je tape sur mon laptop, ne sont pas du temps perdu, mais un vrai travail, qui sert à autrui (et le fait que seul ce mois-ci, une quarantaine de personnes ont lu mon article concernant Free Pascal et MySQL, en est bien une preuve).
Mes rêves et ma capacité de les rêver de retour, un but précis dans ma vie à nouveau. Plein d'envie de développer de nouveaux programmes, plein d'espoir et de projets pour la nouvelle année. Mais aussi, me rappelant de mes responsabilités, de mon devoir, de ma part dans la "construction de l'humanité". Reprise donc de ma lutte pour la dignité humaine et le respect dans les centres sociaux. Le début est fait avec mon article Avant de mourir, rentrer dans mon pays durant juste une semaine...., adressé à 19 journaux, radios et TV. J'y reviendrais dans le prochain texte dans cette section.
 
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